Adapta leather upcycling

[FR] Rencontre avec Adapta, l’upcycling dans le cuir

Fondé en 2018, Adapta est un intermédiaire moderne entre les fournisseurs de cuir et les créateurs de mode. La marque propose une solution écologique qui permet aux grandes et petites marques de donner une seconde vie aux stocks dormants de plus de 15 fournisseurs. Cela inclut les producteurs de matières, les fabricants maroquiniers ou encore les maisons de luxe. Les marques peuvent ainsi accéder à ces matières nobles, sans minima de quantités et à budget plus accessible. 

Cette démarche innovante a vu le jour grâce à Virginie Ducatillon, experte en développement produit maroquinerie pour de grandes maisons de luxe. Mélanie Mollard, Fashion Content Manager chez Heuritech a pu la rencontrer et discuter avec elle de sa vision éco-responsable, de l’avenir de la mode et de la place de la matière.

Virginie Ducatillon, fondatrice d’Adapta

Mélanie Mollard: Pouvez-vous me raconter l’histoire d’Adapta ?

Virginie Ducatillon: L’histoire de la marque découle de mon expérience professionnelle. J’ai passé une dizaine d’années dans diverses maisons de mode : je m’occupais, chez Hermès, Chanel et Céline, du développement des collections maroquineries. J’ai réalisé que le stock de cuir n’était pas toujours utilisé, et parfois même détruit. Ces stocks dormaient notamment chez des producteurs de matière, comme des tanneurs et des mégissiers, des fabricants de produits finis, comme des maroquiniers, et des stocks centraux des maisons de luxe. 

Le gaspillage de ces matières était présent à tous les stades du cycle de vie d’un produit. Par exemple, entre le moment où la direction artistique nous donnait le go sur une gamme de couleur et le moment où nous présentions la collection, les gammes de couleurs pouvaient changer une dizaine de fois. Par conséquent, nous nous retrouvions avec des peaux de certaines couleurs qui n’étaient finalement plus utilisables, ce qui augmentait les stocks de collection en collection. Le gaspillage est aussi le résultat des lignes de produits arrêtées chez les fabricants, qui renvoient les lots de matières aux maisons de luxe. Nous nous retrouvions donc avec des stocks énormes chez ces différents acteurs.

Adapta est ainsi né de cette observation, pour pouvoir faire un petit pas de côté dans cette industrie. Pour moi, le but est de créer un cercle vertueux entre les fournisseurs, qui peuvent avoir ces matières et qui veulent déstocker, et d’autres acteurs qui peuvent être intéressés par elles mais qui n’ont pas le volume ou le budget. Adapta vient de cette démarche d’upcycling et d’éco-responsabilité.

MM: Quel est votre processus pour vous mettre en contact avec ces fournisseurs et ces marques ? 

VD: Grâce à mon parcours professionnel, j’avais déjà un “carnet d’adresse professionnel” de fournisseurs et de tanneurs. J’ai commencé avec ces contacts et le bouche-à-oreille, ainsi que les salons professionnels. Côté créateur, je n’avais pas de contact dans ce milieu, et donc, au début, c’était du démarchage très classique. Ce qui m’a beaucoup aidé, c’était d’être partenaire avec ADC (Au-delà du Cuir), un incubateur de marques de maroquinerie et de chaussures très connu dans ce secteur. Nous avons fait ce partenariat dès le début en leur proposant du sourcing pour leurs créateurs, j’ai donc pu profiter de leur showroom et de leur réseau. 

Crédit : Solenne Jakovsky pour Le Prescripteur

MM: Comment suivre la tendance lorsque l’on commercialise des stock dormants ?

VD: C’est justement le concept de l’éco-conception. Les designers viennent souvent avec un certain état d’esprit et un univers de collection, mais comme Adapta fait de l’upcycling, nous faisons rencontrer les deux demandes. Les petites marques, en particulier, tournent autour de coloris assez classiques, alors le fait de pouvoir avoir accès à de nombreux coloris leur donne beaucoup d’idées. Très souvent, ils repartent avec une autre idée qu’ils aiment autant, voire plus. Quant aux marques à plus gros volumes de production, elles sont très sensibles à la qualité de la matière et à la démarche responsable, et arrivent du coup à adapter leur processus de collection. C’est un mouvement qu’on observe de plus en plus, notamment pour les logiques de capsule.

MM: Avez-vous observé des changements dans les demandes et les comportements d’achats de vos clients pendant le Covid ?

VD: Pendant le confinement nous devions lancer un nouveau business model. L’objectif était de pré-réserver les stocks qui sont beaucoup plus profonds en termes de volume par coloris. Aujourd’hui, finalement, nous pouvons proposer à des marques à plus gros volumes d’absorber beaucoup plus de stocks dormants. Chez les maisons de luxe, nous pré-réservons leurs stocks et nous les mettons en ligne pendant une dizaine de jours. Tout le monde peut pré-réserver ces matières, et à la fin des 10 jours nous faisons une commande globale qui va ensuite être dispatchée chez les uns et les autres. 

Ce que nous avons remarqué c’est que les petites structures étaient beaucoup plus flexibles que les grosses et c’est ce réseau qui nous a permis de sauver la première vente que nous avons faite juste après le confinement.. Les grosses enseignes avaient des problématiques de chômage partiel, de congés payés, de structures à redémarrer, etc. Depuis la rentrée, en revanche, nous comptons sur les marques à plus gros volume, avec qui nous sommes déjà en contact et qui sont intéressées pour participer à notre prochaine vente exclusive. 

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Le fait de lancer notre site e-commerce nous a aussi permis de garder notre activité pendant cette période, même si elle était forcément plus basse qu’en temps normale. Nous étions aussi très présent sur les réseaux sociaux, nous avons donc pu garder le lien avec notre petite communauté pendant le confinement.

MM: Comment notre programme New Data for Fashion* a-t-il impacté Adapta? 

* Ce programme d’accompagnement a été lancé en mai 2020 pendant la période du Covid pour offrir un accès gratuit à nos données marché aux marques émergentes

VD: Comme Adapta n’est pas une marque de produits finis, les résultats sont moins mesurables et directs. L’impact sera plus apparent pour mes prochaines sélections. En attendant, c’est très intéressant d’avoir accès à toutes ces tendances, même si pour moi, le but est de faire en sorte qu’il n’y en ait plus et que toutes les matières puissent trouver preneur. 

Je trouve votre démarche géniale. Je suivais déjà Heuritech et je trouvais ça super d’utiliser l’intelligence artificielle pour décoder les tendances. Ça va un peu dans le même sens que la mienne, nous allons tous vers le même objectif.

Crédit : Solenne Jakovsky pour Le Prescripteur

 

Adapta veut ainsi mener l’industrie de la mode à l’éco-responsabilité, en remettant en question les processus actuels encore trop courants : la délocalisation, le surstockage, ou encore le gaspillage de matières et de vêtements. Heuritech rejoint cette démarche avec une analyse prédictive qui soutient l’intuition des créateurs, et aide à la planification de la production et de la demande, pour réduire le surstockage dès la première phase de production. 


Vous êtes curieux d’en savoir plus et de découvrir les cuirs Adapta ? N’hésitez pas à participer à la prochaine vente exclusive qui se tiendra du 21 au 30 septembre prochains. Au programme de cette session : une sélection exceptionnelle de cuirs issus d’une grand maison de luxe, il n’y a vraiment pas de quoi s’en priver…

photo profil de l'auteur, Mélanie Mollard

About the writer: Mélanie Mollard, Fashion Content Writer

Mélanie writes about the fashion industry and its many features through the lens of AI and applied data.

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